Décès du baron Benjamin de Rothschild, fondateur et armateur du Gitana Team

C’est avec une grande émotion et une profonde tristesse que le Gitana Team annonce le décès de Benjamin de Rothschild à la suite d’une crise cardiaque intervenue à son domicile de Pregny (Suisse), dans l’après-midi du 15 janvier 2021.



Les premières pensées des marins et des membres du Gitana vont à son épouse Ariane de Rothschild et à ses enfants, ainsi qu’à l’ensemble de sa famille et de ses proches à qui ils adressent leurs condoléances les plus sincères

 

Né le 30 juillet 1963, Benjamin de Rothschild était le fils d’Edmond et de Nadine de Rothschild. À la tête du groupe créé par son père depuis 1997, il l’a développé de manière exceptionnelle pendant toutes ces années.
Entrepreneur visionnaire, passionné de finance, de voile et d’automobile, amoureux du vin, Benjamin de Rothschild était aussi un philanthrope engagé, notamment en développant l’Innovation au sein de l’Hôpital Fondation Adolphe de Rothschild. Personnalité hors du commun, il n’a eu de cesse de transformer et moderniser son héritage, dans le respect des valeurs de la famille.

 

C’est dans cet esprit pionnier et pour poursuivre la saga Gitana initiée par son arrière-grand-tante Julie de Rothschild et son père, qu’en 2000 avec son épouse Ariane de Rothschild, il crée le Gitana Team. Avec cette écurie de course au large de haute technologie dédiée à la performance et à l’esprit d’équipe, en quelques années, il mue une passion familiale plus que centenaire en une école d’excellence ; victoire sur la Route du Rhum, la Transat Anglaise, la Rolex Fastnet Race, la Transat Jacques Vabre, ou encore lors des grands prix Orma ou les transatlantiques où il embarquait avec ses équipes, tous ces moments resteront de mémorables instants de partage. Grâce à son engagement, Benjamin de Rothschild a permis à toute une génération de marins de s’exprimer sur les plus beaux navires du moment comme c’est actuellement le cas pour l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild en pleine tentative de record du tour du monde à la voile, le Trophée Jules Verne.

Chassé-croisé brésilien

En franchissant l’équateur hier à 15h48’32 », après 5 jours 13 heures 14 minutes et 46 secondes de mer, l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild a rejoint l’hémisphère Sud. Depuis, à bord du maxi-trimaran volant aux cinq flèches, les six équipiers ont pu retrouver un rythme plus océanique. Propulsés par un alizé de sud-est modéré, qui souffle aux alentours des 15 nœuds, ils glissent au large des côtes nord-brésiliennes et doublaient ce matin la latitude de Recife. Après avoir perdu toute leur avance dans un Pot-au-Noir bien coriace et compté près de 100 milles de retard hier sur leur adversaire virtuel, les hommes du Gitana Team ont repris la main et possèdent à nouveau près de 170 milles d’avance sur Idec au pointage de 9h.

 

 

Sous le vent 

La nuit dernière, les routes de la tête de flotte du Vendée Globe, qui entre dans la dernière ligne droite de son tour du monde en solitaire après 68 jours de mer, et du Maxi Edmond de Rothschild se sont croisées au large du Brésil. Mais ce chassé-croisé, trop lointain, n’a malheureusement pas donné lieu à des contacts visuels et d’éventuelles images pourtant très attendues. Les Imocas remontent logiquement plus à la côte tandis que le géant de 32 mètres glisse actuellement plus au large, à environ 200 milles des rivages. Mais il n’est pas dit que dans les prochaines heures d’autres occasions ne se présentent. Dans ce cas, faisons confiance à Yann Riou, notre équipier média du bord, pour ne pas manquer ce moment inédit.

 

Le long du Brésil 

Comme prévu, depuis leur passage de l’équateur hier après-midi, Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers ont retrouvé des conditions de navigation plus clémentes mais surtout propices au vol et à la vitesse. Les six marins ont bien laissé dans le sillage du maxi-trimaran bleu les aléas du Pot-au-Noir et le coup d’arrêt brutal qu’il a provoqué durant 24 heures dans la chasse au record des hommes du Gitana Team. À la faveur d’un alizé de sud-est modéré, qu’il exploite parfaitement, l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild glisse désormais le long des côtes brésiliennes. Le vent adonnant, le géant de 32 mètres a pu légèrement incurver sa route et plonge plein Sud en direction du Cabo Frio, à quelques encablures de Rio de Janeiro, qu’il devrait atteindre demain en fin de journée.

Navigation dans l’hémisphère Sud

Parti de Ouessant dimanche 10 janvier à 2h33, à l’assaut du Trophée Jules Verne, l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild a franchi l’équateur ce vendredi 15 janvier à 15h48’32 », après 5 jours 13 heures 14 minutes et 46 secondes de mer. Ce premier chrono loin du record absolu sur ce tronçon, détenu depuis 2019 par Spindrift Racing en 4 jours 19 heures 57 minutes, permet néanmoins aux marins du Gitana Team de basculer dans l’hémisphère Sud avec près de six heures d’avance sur le temps d’Idec Sport.

 

 

Un Pot bien collant ! 

Mais bien plus que la célébration de ce passage symbolique entre les deux hémisphères, Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers (David Boileau, Morgan Lagravière, Erwan Israël et Yann Riou) sont surtout heureux d’avoir retrouvé des conditions de navigation dignes de ce nom. En effet, le Pot-au-Noir a été coriace avec les hommes du maxi-trimaran volant. Totalement privé de ses ailes, en panne sèche de vent, le géant de 32 mètres a peiné à s’extirper des griffes de la fameuse Zone de Convergence Intertropicale. Durant toute la journée d’hier et la nuit qui suivit, l’équipage a dû prendre son mal en patience et multiplier les manœuvres sous la casquette brûlante pour exploiter la moindre risée et le moindre nuage.  En témoignent les statistiques de navigation de ces dernières 24 heures : un peu moins de 260 milles parcourus à la vitesse de 10,8 nœuds et seulement 6 nœuds sur la route… Interminable pour des navigateurs partis à la conquête du record du tour du monde à la voile et qui n’aiment rien de moins que les hautes vitesses.

 

Mais à bord, c’est avec philosophie que l’équipage a traversé cette zone, comme le confiait Charles Caudrelier : « Ça n’a pas été si pénible dans le sens où nous avons toujours réussi à avancer même si parfois c’était extrêmement lent… mais ça nous a permis de nous reposer, car même si notre début de course n’a pas été très violent nous allions vite donc ce n’est jamais évident de bien dormir. Là, nous avons bien rechargé les batteries, nous sommes amarinés et on est bien entré dans le jeu. Ces dernières heures plus calmes nous ont également permis de bien vérifier le bateau et c’est bien car nous n’aurons plus beaucoup d’opportunités de le faire par la suite. Nous attaquons l’hémisphère Sud avec un bateau en super état et ça c’est la meilleure nouvelle ! C’est certain que l’on espérait un meilleur temps à l’équateur, c’est toujours sympa de battre un record, mais avec le Pot-au-Noir on ne sait jamais comment ça se passe. Il n’était pas très large mais il a été très douloureux. »

 

 

Bienvenue dans l’Atlantique Sud 
Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers ont pris le départ de ce Trophée Jules Verne avec un schéma météo en tête. Dans le choix de leur fenêtre et de leur heure de franchissement de ligne à Ouessant, la transition dans l’Atlantique Sud a en effet beaucoup compté. Le jeu consistant à se présenter au large du Brésil quand un front suffisamment puissant, en partance pour les mers australes, se décroche du continent sud-américain. Et pour bénéficier des meilleures conditions de glisse, garantes de hautes vitesses, il faut généralement se placer à l’avant de ce train dépressionnaire. C’est tout cet enchaînement que visent désormais l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild et leur routeur météo, Marcel van Triest, pour espérer s’offrir un beau temps de passage au cap des Aiguilles, en Afrique du Sud : « Le temps perdu dans le Pot-au-Noir n’est pas dramatique car nous arrivons dans le Sud au bon moment, les modèles le confirment, pour attraper le bon système météo. Maintenant le problème que ça peut poser est que nous n’avons pas beaucoup de marge. Pendant les quatre prochains jours, il va falloir que nous soyons rapides et précis dans notre trajectoire pour ne pas louper le train des dépressions dans le Sud de Rio, » soulignait Charles Caudrelier.

 

Précision de timing

L’avance et le retard qui apparaissent sur notre cartographie sont calculés à chaque classement par rapport à la distance au but. Le Maxi Edmond de Rothschild franchissant l’équateur plus à l’Ouest qu’Idec Sport et donc plus loin de la route directe (orthodromie), comptabilisait 16,6 milles du retard sur son adversaire virtuel. Mais, en termes de temps pur entre Ouessant et la ligne de démarcation des deux hémisphères, le maxi-trimaran volant aux cinq flèches a été plus véloce que celui de Francis Joyon et ses hommes. Cinq jours 13 heures 14 minutes et 46 secondes pour Gitana 17 contre 5 jours 18 heures et 57 minutes pour Idec, soit 5 heures et 44 minutes de mieux.

Dans l’enfer du Pot

Il y a 24 heures, les hommes du Maxi Edmond de Rothschild basculaient brutalement d’une navigation au portant à hautes vitesses à une lente progression au près et sans vent. Depuis, les six marins ont tout tenté pour s’extraire des griffes de ce Pot-au-Noir bien collant, multipliant les manœuvres et les réglages de toute leur panoplie de voiles. Mais rien n’y fait ! Le vent est aux abonnés absents et à l’exception de quelques nuages coopératifs qui leur permettent des sauts de puces vers la sortie, cette traversée de la Zone de Convergence Intertropicale vire au chemin de croix. Heureusement, les marins du bord n’en sont pas à leur coup d’essai et relativisent au vu des milliers de milles qui se présentent devant les étraves du maxi-trimaran volant. La journée blanche a coûté cher d’un point de vue comptable. Crédités de 140 milles d’avance hier matin, les marins du Gitana Team démarrent leur sixième jour de tentative avec un retard de 86 milles à 8h.

 

 

À chaque Pot-au-Noir son scénario 

C’est le principe, en franchissant les portes de cette zone de convergence entre les deux hémisphères, on entre dans l’imprévisible. Des vents violents portés par des grains actifs à des calmes à perte de vue, tout est possible et rien n’est écrit d’avance ici. D’une course à l’autre, le Pot-au-Noir réserve un sort bien différent aux marins qui le traversent. C’est pourquoi il est tant redouté par les navigateurs. Hier matin, en y basculant brutalement aux alentours des 9h, Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs équipiers ne s’imaginaient pas y passer plus de 24 heures impuissants face au manque de vent.

 

À bord, malgré la tension liée à ce manque de vitesse et au chrono qui file, les quarts ont tâché de continuer leur routine de rotation pour garder le rythme. Un exercice pas toujours évident entre les  nombreuses manœuvres, qui nécessitent l’ensemble de l’équipage sur le pont, et la chaleur qui s’est abattue sous la casquette et dans la coque centrale du Maxi Edmond de Rothschild.

 

Se projeter vers la suite du tour du monde et avoir en tête les points positifs est sans nul doute la meilleure manière de débuter ce 6e jour de tentative de record sur le Trophée Jules Verne. L’équateur, encore distant de près de 150 milles en route directe, devrait être franchi dans la journée. Démarrera alors une toute autre navigation dans les alizés de sud-est en route vers les mers du Sud.

Coup de frein à l’approche de l’équateur

En ce cinquième jour de tentative du Gitana Team sur le Trophée Jules Verne, les milles acquis sur le détenteur du record, durant la descente de l’Atlantique Nord, ont fondu comme neige au soleil. De 140 milles d’avance ce matin, le compteur est passé dans le rouge en fin d’après-midi. Et pour cause, depuis la fin de nuit dernière, les hommes du Maxi Edmond de Rothschild sont dans le pot-au-noir et c’est la version petit temps et progression lente qui leur est réservée. Face à ces aléas météo, que l’on sait totalement imprévisibles dans cette Zone de Convergence Intertropicale, une seule option: la patience. À bord du dernier-né des Gitana, ces heures plus calmes sont mises à profit pour faire le tour du bateau et recharger les batteries malgré la chaleur écrasante qui s’est invitée à l’intérieur du géant aux cinq flèches.

 

 

« Un gros grain et rideau ! »

En fin de nuit dernière, l’entrée dans le pot-au-noir a été brutale pour les six marins du Maxi Edmond de Rothschild. Morgan Lagravière, qui était de quart lors de cette transition express entre les alizés et la zone de convergence, décrivait la scène : « C’était juste au lever du jour, la pénombre était en train de s’estomper petit à petit. On a commencé à voir les premiers grains apparaître au radar, on ne s’est qu’à moitié méfié et puis dès qu’on est arrivé sous l’influence du grain, le vent est monté, il a refusé fort et assez vite il a fallu se précipiter aux écoutes pour éviter que le bateau ne gîte trop ! Rapidement ça a été le branle-bas de combat, on a dû rouler la voile d’avant, le grand foc, pour pouvoir passer à une voile plus adaptée pour naviguer au près. Tout est allé vraiment vite, on n’a pas eu le temps de se poser de questions, et quelques minutes après on a tous pris une bonne douche en profitant de la fin du grain ! »

 

Une sortie dans la soirée ou la nuit prochaine

Depuis ce grain, le vent est aux abonnés absents sur le plan d’eau. Et c’est le cas à des milles à la ronde. Par conséquent, l’équipe du maxi-trimaran volant bleu n’a pas d’autre choix que de prendre son mal en patience et de s’appliquer à exploiter la moindre risée qui souffle dans les voiles pour s’extraire des griffes du pot-au-noir.

 

« Nous avons un temps très calme, ciel dégagé, des petits cumulus, ça ressemble à l’été, pas de couleurs de pot-au-noir, c’est-à-dire pas de grains noirs pour l’instant, la seule différence c’est qu’il n’y a pas de vent par rapport à d’habitude. On a encore 60/70 milles à faire dans du petit temps avant de retrouver du vent dans l’hémisphère sud, donc c’est toujours très long, on aimerait chopper le vent qui est devant nous, car plus on gagne des milles maintenant, plus ils vont se multiplier après, ça va faire un effet accordéon. Là on est au milieu et c’est plutôt du temps très très calme, on va sortir toute la toile possible pour s’en extraire », confiait Franck Cammas cet après-midi.

 

Cette journée du 14 janvier ne restera pas dans les annales de cette tentative, mais à bord, les six hommes d’équipage savent relativiser et surtout se projeter sur la suite du programme dans l’Atlantique Sud, qui s’annonce toujours très intéressante. Ils mangent aujourd’hui leur pain noir mais si l’on se penche plus en détails sur la trace d’Idec Sport, l’actuel détenteur, c’est demain que leur adversaire virtuel connaîtra un coup d’arrêt.

Pot-au-Noir au menu du jour

Depuis son passage au large du Cap-Vert hier dans la matinée, le Maxi Edmond de Rothschild glissait à vive allure dans l’alizé de l’hémisphère Nord, en route directe vers l’équateur. Mais depuis quelques heures, les six marins du bord connaissent un changement de régime. Par 6° Nord, la zone de convergence Intertropicale se présente en effet devant les étraves du géant de 32 mètres. Avec elle, son lot d’aléas météo bien connu et toujours redouté par les marins qui la traversent. Après quatre jours de mer sur ce Trophée Jules Verne, Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers attaquent le pot-au-noir avec 143 milles d’avance sur le record actuel.

 

 

À quelle sauce 

La nuit dernière, avant de subir les premiers effets du pot-au-noir, Yann Riou nous livrait une bien agréable carte postale de la navigation à hautes vitesses dans les alizés. « On est sous les tropiques ça ne fait aucun doute ! » lançait d’emblée l’équipier média du bord. « Tout va bien à bord, les conditions des dernières 24 heures sont plutôt faciles. J’ai fait un petit quart hier soir et c’était le défilé des poissons volants. Ils passaient sur le filet, sous le filet. Ils décollaient à l’étrave et atterrissaient à l’arrière du bateau. On voit les sargasses aussi… La température de l’eau a considérablement augmenté ! Pourquoi je vous parle de la température de l’eau ? Parce que c’est celle que l’on ressent à l’intérieur du bateau. Et ça c’est le côté pas très sympa car dans la coque centrale il fait vraiment très chaud… cette chaleur assez moite. Ce n’est pas toujours facile de se reposer et de trouver le sommeil dans ces conditions. En revanche, sur le pont c’est très agréable, très ventilé. Actuellement on est en petit t-shirt et dans l’instant nous filons à 35 nœuds, 37 nœuds même sous pilote automatique. Nous ne l’avons quasiment jamais mis depuis le départ mais là ça marche bien. Nous faisons route vers le pot-au-noir. Et nous sommes impatients de savoir à quelle sauce nous serons mangés sur ce passage. 38, 40 nœuds nœuds là dans l’instant ! Il fait nuit noire, et c’est nuageux et nous avons le radar en marche pour observer une veille et regarder un peu devant. Ça va super vite avec une mer qui s’est bien aplatie depuis hier et ça permet d’exploiter le bateau à son potentiel.»

Sur les dernières 24 heures, le maxi-trimaran volant affichait en effet une vitesse moyenne de 32,5 nœuds, soit près de 800 milles parcourus sur la route. Mais ce jeudi 14 janvier ne sera pas mené à la même cadence. Si l’environnement ne cesse de changer dans la ZICT et qu’il est toujours difficile de prédire les conditions météos à venir malgré la qualité des prévisions et le savoir-faire du routeur météo du team, Marcel van Triest, le jeu lui est toujours le même. Trouver le meilleur passage possible, c’est-à-dire là où le vent continue de souffler un minimum, tout en visant un point de sortie pas trop ouest pour conserver un bon angle d’attaque pour aborder l’hémisphère sud.

 

Un premier record à portée d’étraves ? 

Le premier record intermédiaire de ce tour du monde, homologué par le WSSRC, est celui entre Brest et l’équateur. Il est aujourd’hui et depuis 2019 la propriété de l’équipe suisse de Spindrift Racing en 4 jours 19 heures et 57 minutes. Avec une Zone de Convergence Intertropicale encore à traverser et qui semble active, ce chrono paraît difficile à aller chercher pour les hommes du Gitana Team. Mais avec le pot-au-Noir rien n’est sûr et il est permis de tout espérer… Pour cela, il faudrait que Charles Caudrelier, Franck Cammas, David Boileau, Yann Riou, Erwan Israël et Morgan Lagravière basculent la tête au Sud et franchissent la ligne virtuelle entre les deux hémisphères avant ce soir 22h30 !

Enfin le vol alizéen

Les efforts déployés par les hommes du Maxi Edmond de Rothschild, depuis leur départ de Ouessant dimanche dernier, portent leurs fruits en ce quatrième jour de record. Pour exploiter au mieux la fenêtre choisie, Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers ont dû enchaîner les empannages et allonger la route qui les mène vers l’équateur. Mais depuis ce matin, ils sont dans les alizés, bien calés bâbord amure, et exploitent pleinement le potentiel du maxi-trimaran volant aux cinq flèches. À 18h, le dernier-né des Gitana avait à nouveau grappillé des milles sur son adversaire virtuel et possédait 115 milles d’avance.

 

 

Dans le pot dès demain matin 

Chaque Pot-au-Noir est spécifique et ne ressemble à aucun autre. À quelques heures d’aborder le premier de ce Trophée Jules Verne, puisque le Maxi Edmond de Rothschild devrait en ressentir les premiers effets par 6° de latitude Nord, Franck Cammas confiait son ressenti : « Nous avons eu une transition un peu longue entre Madère et les alizés mais depuis la nuit dernière nous sommes enfin dans le régime des alizés et on va avoir 24 bonnes heures plus tranquilles. En fin de nuit prochaine nous entrerons dans le Pot-au-noir, une zone un peu complexe où il va falloir manœuvrer. Il faudra être patient je pense parce que l’on peut tomber dans des trous de vent. Et malheureusement j’ai l’impression que l’on va aborder ça en fin de nuit ou peut-être même début de journée suivante. C’est sûr que pendant la journée c’est toujours un peu mieux et plus facile à négocier car tu vois les nuages arriver et tu peux anticiper un minimum. »

Pour l’heure, les six hommes du Gitana Team profitent d’un flux de nord-est bien établi au-delà des 20 nœuds pour accélérer la cadence. Ces conditions sont particulièrement propices au géant de 32 mètres, qui depuis qu’il s’est débarrassé des dévents des îles volcaniques du Cap-Vert en profite pour allonger la foulée. Les 36,5 nœuds de moyenne enregistrés sur les quatre dernières heures en témoignent.

 

Les Maxi-Sons du large, le podcast du Gitana Team 

À l’affût dans le raffut, Yann Riou, régleur et équipier média, tend le micro à ses partenaires de navigation extrême sur le Trophée Jules Verne. Une belle invitation sonore à partager le quotidien hors normes des six marins engagés dans la chasse au record de vitesse autour des mers du globe.

La saison 1 de notre podcast s’ouvre sur la descente de l’Atlantique, un tronçon tactique qui constitue le premier quart du parcours planétaire en temps. Dans ce premier épisode, Franck Cammas, l’un des skippers du Maxi Edmond de Rothschild et David Boileau, boat captain et équipier, se confient sur le changement de mode. En quelques heures, les hommes s’arrachent à la terre et enfilent leur tenue de marin. Comment vivent-ils et gèrent-ils ce passage de terrien à marin ?

 

Franck Cammas  : « Il n’y a évidemment plus les nuits que l’on peut faire à terre »

« Les transitions sont toujours brutales, entre le départ où l’on est entouré de plein de monde sur les pontons et le moment où on se retrouve en mer, en équipage, seul ou à deux, c’est toujours assez brutal. Et puis évidemment l’environnement et le confort que l’on a à terre et ce que l’on a à bord c’est diamétralement opposé, donc il faut s’habituer, nous en sommes assez conscients et savons que les premiers jours ne sont jamais les plus faciles. On attend les jours prochains… Là, au bout de trois jours, on est en train de rentrer réellement dans l’ambiance et on se sent de plus en plus à l’aise. D’une part il y a le rythme avec les quarts, 24h sur 24, il n’y a évidemment plus les nuits complètes que l’on peut faire à terre, il faut s’habituer à se réveiller rapidement, parfois même urgemment lorsqu’il faut manœuvrer, s’habituer à dormir pendant la journée aussi, ça c’est une chose importante, et puis il y a aussi l’environnement, le bruit, les mouvements, la capacité à préparer à manger… C’est beaucoup plus compliqué à bord et notamment les premières heures où généralement on ne se fait pas de vrais repas… Toutes ces choses-là font qu’il faut réussir, pour la vie quotidienne et pour la santé, à se caler pour tenir 40 jours, mais c’est sûr qu’on ne peut pas garder le rythme que l’on a à terre ! »

 

David Boileau  : « L’hygiène c’est l’une des grandes différences avec la vie de terrien »

« Le fait d’avoir passé la première nuit en mer, avant de couper la ligne à 2h30 à Ouessant, nous donne l’impression d’être partis la veille. Et au final, au bout de deux jours on a l’impression d’avoir déjà passé beaucoup de temps en mer… L’adaptation à bord est plus ou moins compliquée en fonction des conditions que tu rencontres en mer. Là, nous avons eu des conditions plus clémentes que sur notre première tentative sur le départ, et pour ma part j’ai trouvé tout de suite le bon rythme, je me suis directement bien calé au niveau du sommeil, je n’ai pas eu de problème pour m’endormir ni pour récupérer, je me suis tout de suite senti bien et à l’aise sur le bateau.  Depuis que nous sommes partis je n’ai pas encore fait ma toilette (rires) C’est l’une des grosses différences avec la vie de terrien, l’hygiène. On fait ce que l’on peut pour rester propres mais il faut composer avec les conditions météos et ce qu’elles nous permettent de faire. Au moins je me lave les dents tous les jours, c’est déjà ça ! »

Lever de soleil cap-verdien

Comme imaginé par les prévisions météorologiques, le vent de nord-est a forci la nuit dernière entre les Canaries et le Cap Vert, entre 25 et 30 nœuds. Après des échanges nourris avec leur routeur Marcel van Triest, Franck Cammas et Charles Caudrelier avaient laissé la porte ouverte à un passage entre les îles, plus direct, mais à condition que le soleil soit déjà levé pour se faufiler au cœur de l’archipel. Au final, compte tenu de leur progression c’est par l’Ouest, et en laissant une marge suffisamment nécessaire pour ne pas trop ressentir les dévents des îles volcaniques dans les voiles du Maxi Edmond de Rothschild, que l’équipage va débuter ce matin le contournement du Cap-Vert. L’avance sur le record de Francis Joyon oscille au gré des empannages et des recalages du dernier-né des Gitana dans l’Ouest mais reste relativement stable autour des 100 milles depuis plusieurs jours.

 

 

Une trajectoire plus conservatrice privilégiée 

À l’approche de l’archipel cap-verdien, il était tentant de tirer tout droit entre les îles de São Vicente et São Nicolau pour viser une route plus directe en direction de l’équateur. Mais se faufiler entre ces îles volcaniques n’est jamais une chose anodine et qui plus est avec un maxi-trimaran volant de 32 mètres lancé à vive allure. « Ce passage a été discuté mais finalement abandonné compte tenu du gain que nous aurions pu en tirer par rapport à la prise de risques. Entre les dévents, les accélérations, les pêcheurs, les casiers de ces derniers ce n’est pas une navigation facile pour des bateaux comme le nôtre. Et puis notre heure de passage a fini de sceller le choix, il fait encore nuit et nous aurions manqué de visibilité car les nuits sont bien noires en ce moment » expliquait Yann Riou dans son message de la nuit.

 

Le yoyo des milles   

Ce choix de passer dans l’ouest de l’archipel a coûté deux nouveaux empannages à l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild et des milles logiquement perdus sur son adversaire virtuel. En effet, lors de sa tentative en 2016-2017, sur ce long bord vers l’équateur, Idec avait bénéficié d’une météo lui permettant de rester sur la même amure. Les hommes du Gitana Team ne profitent pas eux de la même configuration et d’une trajectoire aussi rectiligne. Au plus fort de la nuit, ils avaient accumulé 177 milles d’avance ; un chiffre retombé à 90 milles à 8h. Mais rien d’anormal puisque le moindre recalage dans l’Ouest leur applique un VMG (vitesse de rapprochement au but) quasi négatif.

 

Le point positif à retenir étant que malgré ces nombreux empannages depuis deux jours, Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers font toujours la course en tête. D’autant qu’au pointage de 8h, le géant de 32 mètres pointaient à nouveau ses étraves dans la bonne direction, cap au sud sud-ouest.

Aux portes des alizés

Partis de Ouessant dans la nuit du samedi 9 au dimanche 10 janvier, à 2h 33′ 46 », Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers poursuivent leur rapide descente de l’Atlantique Nord en direction de l’équateur. Avec près de 2 000 milles parcourus en deux jours et demi, à la vitesse moyenne de 31,4 nœuds, les hommes du Maxi Edmond de Rothschild sont parfaitement dans le rythme et s’offraient même, au pointage de 18h, une avance de 139 milles sur le record de Francis Joyon. Cette troisième journée de mer a été marquée par une transition météo le long de la dorsale de l’anticyclone des Açores et les six marins ont dû composer avec des vents très variables et bien trop faibles à leur goût pour gagner vers le Sud. Mais que l’on se rassure, dès la nuit prochaine le changement de décor sera radical. Le flux de nord-est va prendre du coffre à l’approche du Cap Vert.

 

 

Une zone de transition en bordure de dorsale 

Dans la semaine qui a précédé le départ du Maxi Edmond de Rothschild sur le Trophée Jules Verne, le choix de la fenêtre et du timing précis pour s’élancer de Ouessant a alimenté de nombreuses discussions au sein de la cellule météo du team. Celle qui a été privilégiée représentait le meilleur compromis pour obtenir une descente de l’Atlantique Nord correcte mais surtout une bonne connexion dans l’Atlantique Sud pour attraper les dépressions qui filent vers les mers australes. La situation météo que connaît l’équipage du maxi-trimaran volant depuis 24 heures, à savoir des vents faiblissants qui nécessitent de beaucoup manœuvrer pour adapter sans cesse le cap et l’allure aux variations en force et en direction du flux, est directement liée à ce créneau en fin de fenêtre de départ.
« Nous avons cherché à quitter Ouessant le plus tard possible dans la fenêtre pour deux raisons. La première, éviter le plus fort de la dépression au niveau de la péninsule ibérique et la deuxième, profiter d’un bon enchaînement dans l’Atlantique Sud pour être au rendez-vous avec une dépression sortant de l’Amérique Latine et prenant la direction des mers du Sud. C’est le point de passage qui a essentiellement motivé notre timing de départ. » Cependant, mais l’histoire était claire depuis le départ, cette configuration pouvait présenter quelques inconvénients, dont le principal était le déplacement de la dorsale anticyclonique sur la route de Gitana 17.

 

 

« Les conditions sont très instables depuis notre passage de Madère et la journée s’est déroulée dans un vent plutôt faiblissant – entre 12 et 20 nœuds – avec des gros changements de direction et des passages de grains. On sent la dorsale qui s’étale dans notre sillage et dans notre Ouest, » confiait Charles Caudrelier, avant de rappeler : « Notre choix n’est pas le plus optimal pour le temps à l’équateur car nous sommes partis en fin de créneau. Mais l’équateur n’est pas notre priorité, c’est le Trophée Jules Verne notre objectif. »

 

En enchaînant les empannages et en ne ménageant pas leurs efforts les six marins du bord sont malgré tout parvenus à bien exploiter le potentiel de leur machine et à conserver une bonne vitesse. Un motif de satisfaction tandis que le jour se couche sur cette troisième journée de record, d’autant que la porte des alizés de l’hémisphère Nord n’est plus très loin. Un flux de nord-est bien plus puissant soufflera bientôt dans les voiles du Maxi Edmond de Rothschild. En effet, dès la nuit prochaine la cadence va sérieusement s’accélérer à bord du dernier-né des Gitana en direction du Cap Vert. Santo Antão, l’île la plus septentrionale de l’archipel devrait être doublée demain, mercredi 13 janvier, à la mi-journée.

Dans le rythme atlantique

Au pointage de 19h ce lundi, le Maxi Edmond de Rothschild avait parcouru 1 313 milles sur le fond depuis son départ de Ouessant, dimanche à 2h33. Cette distance réalisée à la vitesse moyenne de 32,7 nœuds, témoigne que l’équipage du géant de 32 mètres est parfaitement entré dans le rythme élevé qu’impose un record tel que le Trophée Jules Verne. Après une phase tonique au passage du cap Finisterre, où les marins ont dû composer avec un bon flux de plus de 30 nœuds et une mer chaotique, les conditions se calmaient ce lundi après-midi tandis qu’ils débordaient l’archipel portugais de Madère. Charles Caudrelier, Franck Cammas et leurs quatre équipiers possèdent 65 milles d’avance sur le record.

 

 

Le shaker de Finisterre 

Les conditions qui régnaient le long de la péninsule ibérique ont été l’un des facteurs importants dans le choix du créneau de départ de cette deuxième tentative de record sur le Trophée Jules Verne, comme le soulignait Marcel van Triest : « Avec Franck et Charles, nous avons choisi de partir en arrière d’une fenêtre Atlantique Nord pour deux raisons principales. La première était pour éviter le plus fort de la cartouche le long des côtes espagnoles et portugaises. Déjà hier c’était plutôt tonique et engagé pour l’équipage, alors si on l’imagine avec 10 nœuds de plus ce n’était pas très raisonnable pour démarrer un tour du monde. »  Mais plus que le vent, c’est la mer désorganisée et les vagues générées qui ont le plus handicapé le Maxi Edmond de Rothschild dans sa progression. Dans l’une d’entre elles, sûrement plus coriace que les autres, l’un des pare-brise avant de la casquette s’est légèrement fissuré. Rien de grave, mais cette mésaventure vite réparée par le boat captain et équipier David Boileau laisse imaginer la violence des éléments au passage de la pointe nord-ouest espagnole.  Malgré cela, l’équipage s’est offert hier après-midi un joli premier de 49,2 nœuds de vitesse bateau, soit le record du bateau, pour débuter sa boucle planétaire comme il se doit !

 

En bordure de dorsale 

Samedi à Ouessant, dimanche en Espagne, lundi à Madère… à chaque jour sa destination sur la route du Trophée Jules Verne. Mais pour les hommes du Maxi Edmond de Rothschild l’heure n’est pas au tourisme. Les six marins ont un timing à respecter et un rendez-vous à ne pas manquer dans l’Atlantique Sud ! À bord du dernier-né des Gitana, les quarts se relaient toutes les deux heures pour exploiter au mieux le potentiel de leur formidable maxi-trimaran volant. Depuis le départ, la météo a nécessité de nombreux empannages. Et ce n’est pas fini ! En effet, au vu des derniers routages transmis par Marcel Van Triest, d’autres sont à prévoir dans les prochaines heures. Rappelons qu’un empannage réclame l’ensemble de l’équipage sur le pont pour optimiser le temps passé et le ralentissement consenti.

 

Actuellement le dévent de l’archipel portugais est très important. Sur les fichiers de vent, on en constate les stigmates à plus de 230 milles dans son sud et la zone de vents faibles rejoint quasiment les îles voisines des Canaries. Autant dire que dans cette configuration, le passage au vent de Madère n’était pas une option mais bien une obligation. Pour autant, le chemin emprunté par le Maxi Edmond de Rothschild n’est pas des plus simples du fait de la dorsale anticyclonique qui se déplace vers l’Est et qui dès demain aura bouché la route vers le Sud et les alizés de l’hémisphère Nord.

 

« C’est un schéma assez classique en partant à l’arrière d’une fenêtre. La dépression qui se situait sur la péninsule ibérique s’évacue en se déplaçant vers l’Est et la dorsale la suit. Par conséquent elle fait route vers nous. En termes de positionnement, mais aussi en anticipant pour la suite de la descente vers l’équateur, tu cherches à être le plus Ouest possible pour aller chercher la bascule quand le vent va tourner à droite (du Nord au Nord-Est) », détaillait le routeur météo du Gitana Team.

 

Comme toujours en mer, c’est un compromis à trouver. L’envie serait de gagner dans le Sud pour ne pas venir se brûler les ailes trop près de la dorsale anticyclonique mais il faut malgré tout gagner aussi dans l’Ouest pour ne pas tomber par la suite dans les dévents des Canaries ou à travers les îles du Cap Vert.