Le Maxi Edmond de Rothschild contraint de rentrer à Lorient

Parti de Ouessant ce dimanche en début d’après-midi pour une nouvelle tentative sur le Trophée Jules Verne, le record du tour du monde à la voile, l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild annonce ce soir faire demi-tour et regagner son port d’attache lorientais pour réparer une avarie survenue sur un élément de sa génératrice (moteur). Si cette dernière ne sert naturellement pas dans la propulsion du géant de 32 mètres, elle est cependant essentielle pour assurer la recharge des batteries et ainsi toute l’autonomie nécessaire aux six membres d’équipage sur une aventure planétaire.

 

 

Face à cette casse technique atypique, qu’ils ne peuvent en aucun cas résoudre en mer, Charles Caudrelier, Franck Cammas et leurs quatre équipiers n’ont malheureusement d’autres choix que de stopper leur tentative pour revenir à Lorient au plus vite. L’objectif étant désormais de réparer pour pouvoir se remettre en attente d’une fenêtre météo favorable dans les plus brefs délais. Pour rappel, le Gitana Team avait annoncé un stand-by jusqu’à fin février, début mars, ce qui laisse, espérons-le, encore de belles opportunités.

Le Trophée Jules Verne devant les étraves du Maxi Edmond de Rothschild

Après avoir largué les amarres à Lorient au petit matin ce dimanche, le Maxi Edmond de Rothschild a franchi la ligne de départ du Trophée Jules Verne, au large de l’île d’Ouessant, à 14h09m30s (heure française) . À la barre du géant volant de 32 mètres, Charles Caudrelier, Franck Cammas et leurs quatre équipiers s’élancent à l’assaut du prestigieux chronomètre autour du monde. L’objectif : battre le record de 40 jours, 23 heures et 30 minutes établi en 2017 par Francis Joyon et les hommes d’IDEC. Afin d’y parvenir, les marins du Gitana Team devront être de retour au large de Brest et du Phare du Créac’h avant le 25 mars à 13h 38m59s (heure française). Bien que singulière, la fenêtre météo qui se présente devant les étraves du Maxi Edmond de Rothschild mérite d’être tentée car elle pourrait bien permettre à l’équipage aux cinq flèches de saisir de belles opportunités.

 

 

Une fenêtre loin des standards 

Depuis vendredi matin, les skippers du Maxi Edmond de Rothschild et leur routeur, Marcel van Triest, envisagent une sérieuse opportunité de déclencher le chronomètre planétaire. Mais de fichiers en fichiers, de nombreuses divergences n’ont pas facilité le choix – toujours délicat – de la cellule météo. Fidèle à sa philosophie audacieuse et engagée, c’est finalement ce dimanche en début d’après-midi, que le grand trimaran volant armé par Ariane et Benjamin de Rothschild s’est élancé pour le record iconique de la course au large et le grand vertige qu’il procure.

Tous les membres du Gitana Team admettent, à l’instar de Charles Caudrelier, que « la fenêtre météo est un peu atypique ». Le dernier vainqueur de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe explique : « si nous avons une idée très précise de ce qui peut se passer dans l’Atlantique Nord, c’est moins le cas dans l’Atlantique Sud. Une dépression au sud du Brésil est un peu incertaine en fonction des modèles ». En somme, il faudra passer par « un trou de souris » dixit Morgan Lagravière et « avoir un peu de chance sur les enchaînements météos », poursuit Franck Cammas. Les premiers jours de mer en revanche sont bien identifiés avec « du près pour débuter et un front à aller chercher demain », souligne Erwan Israël. Si l’enchaînement s’avère ensuite moins favorable, l’équipage se réserve le droit de faire demi-tour à la latitude des Canaries pour revenir chercher une meilleure rampe de lancement à la pointe bretonne.

Concentrés, déterminés et particulièrement enthousiastes, les six membres de l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild débutent ainsi la 1ère tentative de l’année, la 3e du plan Verdier après deux campagnes avortées, en 2020 et en 2021. La dernière s’était achevée après 12 jours de course à l’entrée des mers australes alors qu’ils étaient en avance sur le record et venaient de signer le meilleur chrono de tous les temps au cap des Aiguilles. Certes, si ce départ à la mi-février peut apparaître comme avancé dans la saison, certains se sont élancés plus tardivement, à l’instar de Sport-Elec (Olivier de Kersauzon, le 8 mars 1997) et d’Orange II (Bruno Peyron, le 2 mars 2002).

 

 

Désormais, Charles Caudrelier, Franck Cammas et leurs équipiers ont les yeux rivés sur les points de passage, notamment au large de l’Afrique du Sud. « On se doit d’avoir au moins 24 heures d’avance sur le passage au Cap de Bonne Espérance de Francis Joyon (12 jours, 19 heures) », souligne Charles. Les objectifs sont donc bien identifiés et le contre-la-montre est plus que jamais lancé !

 

Les chiffres à retenir

Franchissement de ligne : le 12 février 2022 à 14h09m30s (heure Fra), 13h09m30s TU
Date limite d’arrivée pour battre le record : le 25 mars 2023 à 13h38m 59s (heure Fra), 12h38m59s TU
Record à battre :  40 jours, 23 heures et 30 minutes > Record détenu par Francis Joyon et son équipage (Idec Sport) depuis le 26 janvier 2017.

 

Ils ont dit

Charles Caudrelier : « C’est une fenêtre un peu atypique mais on arrive en fin de stand-by, on a envie de tenter notre chance, d’autant que les fichiers donnaient des bons temps de passage hier soir. Si on a une idée très précise de ce qui peut se passer dans l’Atlantique Nord, c’est moins le cas dans l’Atlantique Sud. Il y a une dépression au sud du Brésil qui est un peu incertaine en fonction des modèles. Mais nous avons décidé que ça valait le coup d’essayer, même si on doit faire demi-tour si ce n’est pas le cas. L’objectif, c’est d’aller le plus loin possible. Une des zones où on peut gagner le plus de temps par rapport au précédent record, c’est dans l’Atlantique. On se doit d’avoir au moins 24 heures d’avance sur le passage au cap de Bonne Espérance de Francis Joyon (12 jours, 19 heures). Il avait mis la barre très haut et on sait que son record sera difficile à aller chercher. Le plus dur dans ce record, c’est d’arriver à terminer avec un bateau à 100 %. Mais on pense que le Maxi Edmond de Rothschild est arrivé à maturité ! »

Franck Cammas : « C’est la première fois que nous franchissons la ligne de départ cette année. Nous savons que pour réussir ce record, il est important d’avoir un peu de chance sur les enchaînements météos. Les journées qu’on perdra lors de la première phase pourraient être rédhibitoires pour le record.  C’est pour ça qu’on a mis du temps à partir. On ne peut pas perdre de temps, d’autant que le record de Francis (Joyon / IDEC – ndlr) est très bon dans l’hémisphère sud ! Les records, pour les battre, il faut les tenter avant tout. »

Morgan Lagravière : « Je n’avais pas vraiment d’inquiétude sur le fait qu’on parte. Quand on voit la dynamique dans laquelle sont toujours Charles et Franck, on savait qu’on allait y aller. C’est un moment fort, un moment aussi d’éloignement de la famille, donc il y a pas mal d’émotions et de sentiments qui se partagent dans la tête. Mais c’est globalement très positif. Après, on garde la tête froide car on sait qu’il y a pas mal d’incertitudes dans cette fenêtre-là. On a vraiment envie d’aller dans les mers australes. C’est une case que je n’ai pas encore cochée dans ma carrière. Le bateau est exceptionnel, l’équipage est top : ce sont de très bonnes conditions pour prendre du plaisir et vivre cette expérience unique. On va croire en notre bonne étoile pour avoir les planètes qui s’alignent aussi au niveau de la météo. »

David Boileau : « Bien sûr, on est dans un état d’esprit conquérant ! Ça fait un mois et demi qu’on attend et on est forcément très contents de partir. Pour nous tous, c’est une forme de libération. Nous savons que la fenêtre n’est pas formidable mais on va y aller, on va tenter notre chance. Si la météo s’avère moins bonne, on fera demi-tour et on attendra pour la suivante. Mais ça bouge, ça donne envie de se faire plaisir et de tout donner ! »

Erwan Israël : « Ce n’est que la deuxième fois que je me change dans le bateau depuis le début du stand-by (rires) ! Finalement, on n’avait jamais vraiment envisagé un départ. Cette fois, c’est la bonne ! Forcément, on en a tous un peu marre de cette période de stand-by, de regarder la météo… Là, on est ravi, on a tous le sourire et on y croit. Même s’il y a des incertitudes, l’Atlantique Nord est plutôt bon, la fenêtre météo est intéressante, on va faire du près et chercher un front demain donc ça rend le challenge encore plus sympa ! »

 

Trophée Jules Verne : le Maxi Edmond de Rothschild met le cap vers la ligne de départ

Charles Caudrelier, Franck Cammas et leur équipage ont quitté le port de Lorient, ce dimanche 12 février au lever du jour, pour rallier la ligne de départ du Trophée Jules Verne, au large de l’île d’Ouessant. En stand-by depuis fin décembre, les hommes du Maxi Edmond de Rothschild ont décidé de tenter leur chance même si la fenêtre météo s’avère atypique. Le Gitana Team s’apprête à relever un sacré challenge : battre le fameux record établi par IDEC (2017) en 40 jours, 23 heures et 30 minutes. Le passage de ligne, moment toujours exaltant et riche en émotions, est prévu à la mi-journée ce dimanche. L’horaire sera affiné lors du convoyage vers Ouessant en concertation avec Marcel van Triest, le routeur de l’équipe aux cinq flèches.

 

 

C’est le début de la grande aventure, d’une course contre-la-montre qui débute enfin sur l’océan et d’un des défis les plus exaltants de la planète voile. Charles Caudrelier et Franck Cammas, deux des palmarès les plus fournis de la discipline, accompagnés par leurs quatre équipiers, s’apprêtent à tenter de battre le Trophée Jules Verne, le record absolu à la voile autour du monde sans escale et sans assistance.

 

Une fenêtre singulière aux allures de coup de poker

Avant, il a fallu faire preuve de patience, étudier avec soin l’évolution des conditions, déterminer l’enchaînement météorologique favorable entre l’Atlantique Nord et l’Atlantique Sud. Le stand-by avait débuté le 22 décembre dernier, quelques semaines à peine après la victoire de Charles Caudrelier lors de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe. Depuis vendredi, les réunions ont été plus nombreuses entre les hommes du Gitana Team et leur routeur, Marcel van Triest. Une fenêtre s’est, en effet, dessinée pour s’élancer depuis la pointe bretonne. Sauf que cela ne relève pas de l’évidence. Après avoir longtemps tergiversé – le scénario s’est avéré moins pertinent samedi matin – la situation s’est retournée ces dernières heures, conduisant au départ du Maxi Edmond de Rothschild ce dimanche matin de son port d’attache lorientais.

 

 

Certes, l’équipe tente un véritable coup de poker, d’autant que la fenêtre est atypique. « Il est de toute façon quasiment impossible d’avoir un scénario idéal », répétait ces dernières semaines Charles Caudrelier. Si l’Atlantique Nord parait très favorable, la porte ouverte dans le Sud est moins évidente. Tous savent qu’il faudra aussi, en plus d’une abnégation à toutes épreuves, ce zeste de chance et de réussite pour faciliter leur progression au large.

 

 

Un record se construit ainsi et tout l’équipage en a bien conscience en quittant les pontons de Lorient ce dimanche matin. Les pulsations se sont accélérées, les visages sont devenus un peu plus tendus et l’excitation s’est mêlée à une concentration accrue. Il y a peut-être, au bout de cette aventure à se donner sans compter, l’occasion d’écrire l’histoire. Tous ont en tête la marque du précédent record, établi en 2017 par Francis Joyon et ses hommes suite à un enchainement de conditions exceptionnelles :  40 jours, 23 heures et 30 minutes en 2017.

 

Le Maxi Edmond de Rothschild poursuit son stand-by à Lorient

Après avoir regagné la Marina du château de Brest vendredi dernier pour un potentiel départ, l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild a repris la mer ce mercredi matin et sera de retour à Lorient dans la journée suite à une sortie d’entraînement au large. La complexité à trouver le bon enchaînement entre l’Atlantique Nord et l’Atlantique Sud ne permet pas encore aux hommes du Gitana Team d’apercevoir le bon timing pour s’élancer sur le Trophée Jules Verne. Mais Charles Caudrelier, Franck Cammas et l’ensemble du Team restent vigilants et particulièrement attentifs à l’évolution des conditions.

 

 

Ça bloque au Sud 

La décision a été prise vers 22h30, hier soir. Après avoir envisagé un départ dans les 24 heures, l’équipe, en conformité avec l’analyse du routeur et météorologue Marcel van Triest, a décidé d’y renoncer pour le moment. « La météo ne nous convient pas assez », reconnaît Charles Caudrelier. « Francis Joyon a placé la barre très haut avec son record (40 jours, 23 heures et 30 minutes en 2017). Même si le potentiel d’Edmond de Rothschild est très bon, il faut trouver un enchaînement météorologique très favorable et très rare qui soit propice à la fois dans l’Atlantique Nord et dans l’Atlantique Sud. C’est la rampe de lancement d’une tentative et si elle n’est pas réussie, les chances de battre le record sont quasiment nulles. » L’objectif n’a pas varié : passer sous l’Afrique du Sud et le cap de Bonne-Espérance en moins de 11 jours.

Depuis samedi dernier, l’équipe tente de « trouver une correspondance entre ce qui se passe au Nord – notamment dans le golfe de Gascogne – et une dépression dans l’Atlantique Sud qui nous propulserait dans les mers australes, » poursuit Franck Cammas. « Pour l’instant, quand le timing du Nord est bon, celui du Sud n’est pas bon ». Dimanche, lundi et mardi, ce sont les effets de la tempête Gérard, qui a balayé l’Hexagone, qui rendaient impossible un potentiel départ. « On n’a pas voulu prendre de risque pour le bateau avec une mer très grosse sur les premières heures », confie Charles.

 

 

« La patience, c’est le jeu du record ! »

« On vise une dépression au large du Brésil mais il faut 7 à 8 jours pour y parvenir », précise le récent vainqueur de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe. « Mais les prévisions changent beaucoup dans cette zone-là… Ce que nous cherchons, c’est attraper la bonne dépression avec une vitesse adéquate au potentiel du bateau qui puisse nous emmener jusqu’à l’océan Indien », abonde Franck. « Pour l’instant, à chaque fois que l’on approche d’un scénario, les modèles évoluent et ce n’est pas encore favorable ». Pourtant, celui qui a déjà signé le record en 2010 souligne « qu’il y a des opportunités qui peuvent arriver assez vite »

Ce mercredi matin, l’équipage a quitté la marina du château et la rade de Brest pour regagner sa base à Lorient. « Nous nous étions positionnés à Brest parce qu’il y avait une fenêtre entre deux vents tempétueux de Nord-Ouest », explique Franck. « Ce n’est plus le cas donc nous rentrons à Lorient. Nous allons en profiter pour partir comme si on prenait un départ », ajoute Charles. « Nous allons pouvoir confronter le bateau pendant quelques heures à de la mer forte afin de voir comment il se comporte. Avec le Maxi Edmond de Rothschild, on sait qu’on peut très rapidement venir à Brest dès qu’une opportunité se présentera ». Les deux marins avouent une « petite frustration » mais tout comme leurs quatre équipiers – Morgan Lagravière, David Boileau, Erwan Israël et Yann Riou – ils connaissent parfaitement les aléas d’une tentative de départ sur le Trophée Jules Verne et savent prendre les opportunités qu’offrent la météo comme elles viennent : « Nous aimerions partir le plus tôt possible, mais nous avons de l’expérience. On sait que le record est dur à battre et qu’il faut savoir être patient. C’est le jeu du record ! », concluait le skipper du Maxi Edmond de Rothschild juste avant de larguer les amarres, direction Lorient.

Le Maxi Edmond de Rothschild fait route vers Brest

Vendredi 13, jour de chance ? Le Maxi Edmond de Rothschild a quitté sa base lorientaise pour rejoindre Brest et les eaux de la cité du Ponant peu après 12h. L’objectif pour Charles Caudrelier, Franck Cammas et leurs quatre équipiers est de se rapprocher d’Ouessant et de la ligne de départ du Trophée Jules Verne, que le Gitana Team pointe à nouveau dans son viseur. En effet, des opportunités météorologiques semblent s’ouvrir dans les prochains jours mais compte tenu des conditions de mer attendues à la pointe bretonne dès ce week-end, les hommes du récent vainqueur de la Route du Rhum jouent la sécurité et vont s’amarrer à la marina du Château pour quelques heures, quelques jours… Concernant le timing précis de départ, la question reste entière et la réception des prochains fichiers météos permettra d’affiner la stratégie et la précieuse fenêtre de lancement.

 

 

Un départ dès demain ou semaine prochaine ?

Depuis le début de semaine, l’équipage et la cellule météo du Maxi Edmond de Rothschild observent une situation favorable pour un départ de Trophée Jules Verne à compter de ce week-end. Mais ce matin, si les dernières observations se montraient toujours optimistes pour un très beau temps à l’équateur, elles s’avéraient plus pessimistes sur l’Atlantique Sud et les temps de passage au cap de Bonne-Espérance.
Cette configuration « incertaine » pousse les hommes du Gitana Team à aller se positionner à Brest, afin d’être réactifs et au plus près de la ligne de départ virtuelle matérialisée à Ouessant.
L’actualisation des fichiers météos dans la soirée mais aussi demain matin déterminera si le duo Caudrelier – Cammas et leurs équipiers s’élancent dès demain à l’assaut du tour du monde où s’ils devront patienter encore quelques jours dans l’attente d’une meilleure fenêtre. D’autres opportunités étaient en effet évoquées dès le milieu de semaine prochaine.

« C’est toute la difficulté de ces périodes d’avant départ ! L’envie de partir est forcément très présente, mais nous sommes au début de notre stand-by et il ne faut pas nous précipiter. Le record sera difficile à aller chercher et nous nous devons d’avoir une fenêtre de départ ambitieuse pour avoir toutes nos chances », rappelait Charles Caudrelier.

« Les critères de temps que nous recherchons sont dictés par les performances que nous savons à la portée du Maxi Edmond de Rothschild mais aussi en analysant les différentes séquences du record d’Idec en 2017. Le passage à l’équateur et le temps au cap des Aiguilles sont nos premiers critères. Au-delà de 5 jours à l’équateur et 12 jours à la pointe de l’Afrique du Sud ce n’est plus une très bonne fenêtre. Ce créneau de lancement est l’une des seules choses que nous pouvons réellement choisir sur cette tentative de record, alors nous nous appliquons. D’autant que le temps établi par Idec met la barre très haut. »

 

 

Jamais deux sans trois 

Après deux tentatives interrompues pour des problématiques techniques, les hommes du Gitana Team s’engagent sur cette troisième aventure avec une très grande envie, sachant qu’elle pourrait être la dernière avant un long moment compte tenu du calendrier annoncé du Maxi Edmond de Rothschild dans les prochaines années, tour du monde solo en course en 2024 notamment.

En 2021, lors de leur deuxième essai sur le Trophée Jules Verne, Charles Caudrelier, Franck Cammas et leurs équipiers avaient marqué les esprits et montré le potentiel de leur monture en établissant le meilleur chrono de tous les temps à la pointe de l’Afrique du Sud, soit 11 jours, 14 heures et 3 minutes au Cap des Aiguilles. Mais la casse d’un safran de flotteur, survenue à l’entrée des mers du Sud, avait brutalement mis un terme à cette tentative de record.

La prochaine tentative sera ainsi la troisième pour les hommes du Gitana Team qui abordent ce défi planétaire avec la même ambition : celle de battre le record établi par Idec en 2017 en 40 jours 23 heures et 30 minutes. Mais à bord du Maxi Edmond de Rothschild, les six marins nourrissent également un rêve, celui de faire le tour du monde par les trois caps en passant sous la barre mythique des 40 jours.

 

 

Un équipage inchangé pour viser ce record planétaire

Ils seront six à s’élancer à bord du Maxi Edmond de Rothschild à l’assaut du Trophée Jules Verne. Charles Caudrelier, récent vainqueur de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe en Ultim retrouve son binôme Franck Cammas à la barre du géant de 32 mètres. Ce duo pourra s’appuyer sur l’expérience et les compétences des quatre marins qui les accompagnent depuis 2019 dans les courses en équipage : Morgan Lagravière, Yann Riou, David Boileau et Erwan Israël. À terre, Marcel van Triest fait son retour dans la cellule de routage. Le 7e homme comme nous le surnommons est un grand spécialiste des tours du monde et il est notamment double détenteur du Trophée Jules Verne, dont le record actuel en 40 jours 23 heures et 30 minutes.

 

 

L’équipage en détails

Charles Caudrelier
Rôle : skipper
Palmarès : 3 tours du monde, dont 2 Volvo Ocean Race gagnantes (2012 et 2018)

Franck Cammas
Rôle : co-skipper
Palmarès : 2 tours du Monde, dont 1 Volvo Ocean Race gagnante et 1 Trophée Jules Verne (48 jours en 2010)

Erwan Israël
Rôle : barreur régleur
Palmarès : 2 tours du monde, dont 1 Volvo Ocean Race gagnante(2012) et 1 tentative de Trophée Jules Verne (47 jours en 2016)

Morgan Lagravière
Rôle : barreur régleur
Palmarès : Deux tentatives de Trophée Jules Verne ( 2020 et 2021), 1 participation au Vendée Globe 2016

David Boileau
Rôle : régleur, N°1
Palmarès : Deux tentatives de Trophée Jules Verne ( 2020 et 2021), 1 passage de Bonne Espérance et du Cap Horn à l’envers (record Route du Thé et Route de l’Or sur Gitana 13 en 2008)

Yann Riou
Rôle : régleur équipier média
Palmarès : 3 tours du monde, dont 1 Volvo Ocean Race gagnante(2012) et 1 tentative de Trophée Jules Verne (47 jours en 2016)

Marcel van Triest
Rôle : routeur météo, le « 7e homme »
Palmarès : 7 tentatives sur le Trophée Jules, dont 2 récompensées par un record (2012 et 2017)

Les premières réactions de l’équipage sur la fin de tentative de Trophée Jules Verne

Parti de Ouessant le 10 janvier dernier, l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild met fin ce vendredi 22 janvier à sa tentative de record sur le Trophée Jules Verne après douze jours de mer intenses et riches en enseignements. C’est avec beaucoup de déception et forcément quelques regrets que ce tour du monde s’achève. Une déception légitime tant les efforts fournis par les six marins sur cette première partie de parcours planétaire méritaient bien plus, et des regrets car Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers ont prouvé sur cette magnifique descente de l’Atlantique qu’ils étaient parfaitement dans le bon tempo. D’autant que les prévisions météorologiques des prochains jours leur souriaient… L’histoire ne s’écrira malheureusement pas cette année, mais cette expérience est loin d’être finie comme le laissait penser Charles Caudrelier, l’un des co-skippers du géant de 32 mètres.

 

 

Abandon du Maxi Edmond de Rothschild sur le Trophée Jules Verne

Alors qu’ils naviguaient dans l’océan Indien depuis hier après-midi, après leur passage à la longitude du cap des Aiguilles, et qu’ils pointaient à 12h par 48°28 Sud avec plus de 860 milles d’avance sur le temps du record, les hommes du Gitana Team ont informé leur équipe à terre d’une avarie sur le safran de flotteur tribord du géant. Après une inspection complète, réalisée par David Boileau, le boat-captain du bord, l’annonce est tombée. La mèche de l’appendice est sérieusement endommagée, ce qui ne permet plus d’utiliser le safran sur cette amure. Cette avarie, que les six marins ne peuvent en aucun cas réparer en haute mer car elle nécessiterait de remplacer totalement la pièce, oblige l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild à interrompre sa tentative de record sur le Trophée Jules Verne. Il n’est en effet pas envisageable que Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers s’engagent dans les mers du Sud avec un bateau qui n’est plus à 100 % de son potentiel. La déception est immense, tant dans les quarantièmes qu’à Lorient, au cœur de la base technique, mais l’important est désormais que l’équipage rejoigne des latitudes plus hospitalières.

 

 

Joint par Cyril Dardashti, le directeur de l’écurie Gitana, Charles Caudrelier, qui partage la barre du Maxi Edmond de Rothschild avec Franck Cammas, livrait ses premiers mots :

« Tout allait bien à bord. Nous sortions d’une nuit difficile, avec beaucoup de mer et un vent très instable, mais c’était mieux depuis notre empannage. Franck venait de passer la barre à Morgan et quelques minutes plus tard, il a eu des sensations bizarres et de plus en plus de vibrations à la barre. On a constaté que le safran sous le vent, notre safran tribord, bougeait énormément en latéral. Nous avons arrêté le bateau pour que David puisse aller voir à l’arrière du flotteur. Il a malheureusement constaté rapidement que la mèche du safran était très endommagée.

Il n’y a pas eu de choc particulier avant ce constat et même si les casses font partie de l’histoire de notre sport mécanique, il va falloir comprendre ce qui a pu se produire. Nous ne pouvons pas réparer une telle avarie en mer et nous ne pouvons plus utiliser notre safran. Nous l’avons remonté et désormais nous naviguons en bâbord sans safran. La situation est safe mais nous ne pouvons pas aller vite. L’équipe à terre et Marcel van Triest regardent nos options pour la suite mais c’est certain que les contraintes sanitaires actuelles liées à la pandémie compliquent les choses. Nous avons fait demi-tour, nous sommes en route vers Cape Town, distant d’environ deux jours de mer. D’ici là nous déciderons si nous faisons un stop technique en Afrique du Sud ou si nous remontons directement en Bretagne par nos propres moyens.   

La déception est énorme pour tous ! Nous sommes tellement désolés de nous arrêter là car nous voulions ramener ce Trophée Jules Verne… pour Benjamin de Rothschild, Ariane de Rothschild et toute notre équipe.   

Nous avons vécu 12 jours fabuleux à bord avec un équipage incroyable et le Maxi Edmond de Rothschild confirme vraiment qu’il est un bateau exceptionnel. »

Avarie de safran de flotteur à bord du Maxi Edmond de Rothschild

Alors qu’ils naviguent dans l’océan Indien depuis hier après-midi, après leur passage à la longitude du cap des Aiguilles, et qu’ils pointaient à 12h par 48°28 Sud avec plus de 860 milles d’avance sur le temps du record, les hommes du Gitana Team ont informé leur équipe à terre qu’ils rencontraient des problèmes avec leur safran de flotteur tribord, le safran sous le vent et donc en appui. L’équipage, qui a réduit son allure, procède actuellement à une inspection complète de l’appendice et de ses systèmes en liaison avec ses experts à terre. Plus d’informations vous seront communiquées dans les prochaines heures.

 

Plongée vers le Sud

Depuis leurs passages successifs hier du cap de Bonne-Espérance à 12h37 puis quatre heures plus tard du cap des Aiguilles, les hommes du Maxi Edmond de Rothschild naviguent dans l’océan Indien. Les six marins doivent composer avec des conditions de navigation décrites comme difficiles par le bord. Vent fort et instable en force, mer courte et croisée, le chemin du sud n’a rien d’une promenade de santé. D’autant que cette plongée vers les latitudes australes s’accompagne d’une baisse significative des températures. Au pointage de 7h, Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers pointaient par 48°28 Sud et possédaient 887 milles d’avance sur Idec Sport.

 

 

Dans le vif du sujet 

Le contraste est saisissant à bord du maxi-trimaran volant aux cinq flèches. Aucun doute, l’équipage, désormais le plus rapide sur la descente de l’Atlantique, a changé de mode de navigation depuis son entrée dans l’océan Indien, comme le décrivait Yann Riou, joint au lever du jour : « La nuit n’a pas été très agréable. Le vent est particulièrement instable en force et c’est très difficile dans ces conditions de faire avancer le Maxi correctement et à allure constante. Nous faisons de notre mieux en nous relayant pas mal à la barre mais ce n’est pas toujours évident. La mer est vraiment mauvaise, pas grosse mais courte et croisée, ce qui nous oblige à barrer car le pilote automatique est perdu dans ce genre de mer. Ces conditions sollicitent bien les hommes mais le bateau aussi. »

 

D’autant que naviguant désormais proche des 50° de latitude Sud, l’ambiance s’est clairement rafraîchie sur le pont et sous la casquette du Maxi Edmond de Rothschild. « D’un quart à l’autre nous sentons vraiment la différence. Nous faisons cap au sud-est depuis notre passage à la pointe de l’Afrique du Sud et entre hier et aujourd’hui, ça n’a rien à voir. Il fait froid depuis cette nuit et nous devons à nouveau nous équiper en conséquence avant de prendre notre quart sur le pont. Nous y sommes, c’est le Grand Sud ! » confiait l’équipier média.

 

Pour aborder cette nouvelle journée de tentative sur le Trophée Jules Verne, les marins du Gitana Team conservent plus de 887 milles de crédit sur leur adversaire virtuel.

Meilleur chrono de tous les temps à la pointe sud-africaine, en hommage à Benjamin de Rothschild

En laissant dans son sillage la longitude du cap des Aiguilles, ce jeudi 21 janvier à 16h37’53’’, le Maxi Edmond de Rothschild fait officiellement son entrée dans l’océan Indien. Après 11 jours 14 heures et 3 minutes de mer, Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs quatre équipiers attaquent les mers du Sud avec plus de 1 jour 7 heures et 19 minutes d’avance sur Francis Joyon et les hommes de Idec Sport. Ils deviennent ainsi les marins les plus rapides de l’histoire sur cette descente de l’Atlantique ; un temps canon qu’ils dédiaient naturellement au baron Benjamin de Rothschild, disparu quelques jours auparavant.

 

 

Deux caps et deux nouveaux temps de référence 

Cette douzième journée de mer aura permis au Maxi Edmond de Rothschild d’ouvrir le tableau de chasse de son Trophée Jules Verne. Partis de Ouessant le 10 janvier à 2h33’46’’, les six marins franchissaient la longitude du cap de Bonne-Espérance ce jeudi midi, à 12h27’46’’ après 11 jours 9 heures et 53 minutes de mer. Ils amélioraient ainsi de 11 heures et 55 minutes le chrono établi par l’équipage de Banque Populaire en 2012 sur le Trophée Jules Verne. A noter aussi, que jusqu’à ce 21 janvier, le chrono absolu sur ce tronçon était détenu par un solitaire en 11 jours 20 heures et 10 minutes. Il s’agissait de François Gabart qui, en 2017, signait une performance ahurissante à la pointe de l’Afrique du Sud.

 

Quatre heures plus tard, à 16h37’53’’, Franck Cammas, Charles Caudrelier, David Boileau, Erwan Israël, Yann Riou et Morgan Lagravière réitéraient au cap des Aiguilles et basculaient dans l’océan Indien, toujours avec le meilleur temps de référence mais surtout avec 1 jour 7 heures et 19 minutes d’avance sur l’actuel détenteur du Trophée Jules Verne.

 

« Moins de 11 jours 10 heures pour aller à Bonne Espérance c’est quand même bien, ça veut dire que la fenêtre était bonne, on a bien fait de la prendre ! Après on a toujours l’impression d’avoir perdu du temps sur le chemin, notamment dans le Pot-au-Noir, mais bon, on est content d’être là et à ces vitesses-là. Maintenant on attaque la partie difficile, » confiait Franck Cammas à la caméra de Yann Riou.

 

 

Dans le grand bain du tour de l’Antarctique  

Le Maxi Edmond de Rothschild vit les premiers milles de sa carrière dans les mers australes, tout comme David Boileau et Morgan Lagravière qui débutent leur première traversée de l’Indien. Mais l’équipage le sait bien, c’est ici que les choses sérieuses commencent ! Tout d’abord, parce que sur cette longue portion du parcours dans les mers du Sud, Francis Joyon et son équipage ont été magistraux et ont clairement fait la différence grâce à une trajectoire proche de la perfection ; 5 jours 21 heures pour dévaler l’Indien puis 7 jours 21 heures pour saluer le cap Horn… Mais aussi parce que les hommes du Gitana Team plongent vers des latitudes où il n’est jamais anodin de naviguer. « C’est un beau premier temps puisque c’est le record absolu sur ce parcours entre Ouessant et la pointe de l’Afrique du sud. Même si c’est un record qui ne compte pas beaucoup, il est important pour nous parce qu’il nous permet de franchir ce passage avec presque 1 jour et demi d’avance sur le record du Trophée Jules Verne détenu par Francis Joyon et c’est l’objectif qu’on s’était fixé. Puisqu’ensuite Francis a eu des mers du Sud complètement dingues et on a très peu de chance de trouver ça. Et d’ailleurs nous n’aurons pas un océan Indien aussi rapide donc nous sommes ravis d’avoir cette marge-là qui est à peine suffisante pour rester devant lui ou avec lui à la sortie je pense. Donc notre premier objectif n’est pas trop mal réussi ! Et le bateau est en parfait état, et ça c’est l’essentiel ! » concluait Charles Caudrelier.

 

En hommage à Benjamin de Rothschild, notre armateur disparu

Depuis vendredi dernier, le Gitana Team, l’écurie de course au large qu’il a fondée avec son épouse Ariane de Rothschild en 2000, est endeuillé par la disparition de son armateur. À notre manière, depuis le large qu’il aimait tant, nous avons souhaité lui rendre un dernier hommage. Ces nouveaux temps de référence, les meilleurs chronos de tous les temps sur cette partie du parcours, nous voulions les lui dédier et les offrir à Ariane de Rothschild et à leurs quatre filles en son honneur.

 

« Le sillage du Maxi Edmond de Rothschild marquera l’histoire des bateaux volants et de la course au large. Nous ne remercierons jamais assez Benjamin de Rothschild de nous avoir embarqué dans cette aventure incroyable et d’avoir cru en ce projet et en notre équipe pour le concrétiser. Il a su transformer son héritage avec audace et passion. Nous mesurons chaque jour notre chance d’en faire partie et d’écrire de nouvelles pages dans cette lignée unique au monde », déclarait Cyril Dardashti, le directeur du Gitana.