Du côté de Cassiopée

Attention cher PC / pouvez vous renseigner auprès des services compétents en astronomie ur les événements importants dans le ciel en ce moment / Nous observons comme une explosion d’une étoile du côté de Cassiopée…/

Vous en savez autant que nous sur notre progression, sans commentaire. Nous vous prions d’agréer l’expression de nos meilleurs regards distingués. Yves. Et les autres sportifs électriques.

Record à Cape Town ?

Bonjour : Je pense que, avant midi, on aura coupé la ligne de Cape Town / En 21 jours 20 heures depuis Brest / Mais surtout en moins de 11 jours depuis l’équateur / Ce qui je pense est le record absolu sur ce parcours / C’est pas mal on avait 4 jours de retard sur Blake à l’équateur / Il n’en reste que 2 / L’ambiance à bord est bonne / On voit que le mal qu’on s’est donné a servi à quelquechose / À bientôt / Nous pensons bien à toi et à toute ta descendance inconnue / À bord de Sport-Elec / Olivier //

Fier

Att Buro

Pas réussi à faire de radio cette nuit / On tire bien sur la machine / Sur nous aussi / Dès que ça se calmera un peu je recommencerai / La prochaine fois faudra un téléphone / Ça demande trop de temps / Un téléphone ?????? / Où va-t-on/

Air 2°C Eau 2°C / aucun risque de s’endormir à la barre / fatigues des yeux dans le radar /Tension / Stress pour ne pas dire peur /

Sinon, l’équipage tient bien le coup / Je ne peux penser sans une forte émotion à celui de Lyonnaise misérable d’épuisement / Les cirés déchirés / La gueule bouffie de froid / De fatigue / Et aujourd’hui, dans le même contexte je suis soudain fier de ce que nous avons fait à cinq et heureux.

Olivier //

Rester vivant

Au passage du Horn vous savez que l’enfer des glace et la violence des vents sont à peu près finis / Vous savez aussi et surtout que maintenant vous avez toutes les chances de rester vivant / ce qui n’est jamais une évidence dans le sud et encore moins à nos dates de passage / Ensuite vous avez les chronos du Horn qui pour moi sont très importants parce que dans des conditions extrêmes il y a des moments où continuer à aller très vite demande une énorme concentration de tous, une grande acuité maritime et de la chance. La plupart du temps les mythes déçoivent mais en 5 tours du monde je n’ai jamais été déçu / L’Indien sud et le Pacifique sud sont l’excellence de l’océan, tout s’y passe de façon brutale rapide dangereuse on y trouve des états de mer incroyables / terrorisant parfois mais toujours du jamais vu / Ce n’est pas que ma volonté, c’est le courage et la détermination d’un équipage décidé et tenace / Je leur avais dit qu’il n’y avait que des coups à prendre dans cette entreprise décriée par les connaisseurs / D’ailleurs qui connaît ? Il n’y a que 2 multicoques au monde à être descendus au-dessous de 60° Sud, Blake 1 fois et moi 2 fois (…)

Sortir du trou

Avons démonté la bôme et refait le vit de mulet / Tout tire un peu la langue, seule la résistance des voiles est incroyable, avec une grand-voile qui a plus de 50 000 milles et qui est en parfait état/ Un peu de panique lorsque nous avons trouvé des fissures sous les bras des flotteurs / On a gratté jusqu’au carbone et il semble que la structure n’a pas trop trinqué / On a protégé les bobos avec du sika, ça fait un peu arcade sourcilière le lendemain d’un match de rugby, mais ça devrait tenir jusqu’à l’arrivée / C’est mon 19ème passage du Pot au noir et je crois bien que c’est le pire / On a plus de 12 télex par jour pour sortir de ce trou, L’Atlantique nord ne ressemble décidément à rien cette année / On n’a aucune confiance dans les météos à venir / Notre avance est un maigre capital face à ce qui peut nous attendre et pour le moment on fait du 310, ce qui ne nous ramène pas vraiment à la maison.

Devant le boucher

On n’a pas vraiment de moyens d’action, on ne sait pas très bien ce que nous réserve l’autre côté de l’Atlantique et on ne peut pas prévoir grand-chose à plus de 24 heures / C’est un peu dur de voir les beaux milles accumulés dans le sud fondre à vu d’œil. Dans le prévisible on peut avoir une tactique, mais dans l’imprévisible on ne peut que subir. / C’est intéressant maritimement, on est pas trop tendus, mais pas détendus / Juste un peu nerveux, dans l’expectative / Bref, on est comme des veaux devant le boucher… / Olivier //

Éviter les pièges

Bruno Peyron :
« Une première partie de course vraiment technique, où il a fallu anticiper et constamment jouer avec des angles de vent pas toujours favorables. Dans ces conditions, nos « scores » depuis le départ sont très satisfaisants. C’est frustrant, quand on connaît le potentiel d’Orange, de ne pas donner libre cours à la vitesse du bateau. Mais il nous faut privilégier les trajectoires pour éviter les pièges. Nous sommes très concentrés sur l’évolution de la météo à deux ou trois jours mais on ne peut s’empêcher d’observer l’énorme anticyclone de Sainte Hélène immobilisé sur notre route… »

Yann Eliès :
« Il m’a fallu deux jours pour véritablement couper tous mes repères de terrien. Je suis à présent complètement en phase avec mon quart, celui des bretons Hervé Jan, Sébastien Josse et Yves Le Blévec. Le bateau est super sécurisant et Bruno est le « boss » du bord. Très discret, il intervient toujours à bon propos pour un changement de cap ou de voiles… »

Le cousin de Sainte Hélène

Repoussé très à l’ouest pendant une semaine par l’Anticyclone de Sainte-Hélène, « Orange » se débat avec une nouvelle zone de hautes pressions très similaire, un « cousin » qui évolue très sud, dans une zone habituellement ventée où Bruno Peyron s’attendait à tout sauf à naviguer contre une mer formée et face à des vents faibles. La route du géant Orange reste orientée à l’est, parallèle aux systèmes dépressionnaires des quarantièmes. Bonne Espérance approche… la porte du Grand Sud s’entrebâille. Toujours en course pour établir un temps référence entre Ouessant et la pointe australe de l’Afrique, le maxi catamaran Orange se libère doucement des miasmes de l’anticyclone… « Un dimanche dans le Sud, c’est une mer un peu grise, formée, trois à quatre mètres de houle, raconte Bruno Peyron, le soleil, un peu blanc perce sous un ciel bas… Autour de nous, le vol alerte des pétrels, et parfois, la vision saisissante, fascinante d’un « gros porteur », la lourde et majestueuse silhouette d’un albatros… »

anticyclone et dépressions

Eric Mas, Météo-Consult :
« Cette météo est vraiment très compliquée. Orange traverse une situation exceptionnellement complexe, entre anticyclone et dépressions. Tant que la mer n’est pas ordonnée dans le bon sens, Orange ne peut anticiper l’évolution des dépressions comme nous le souhaiterions. Une course contre la montre s’engage, pour éviter que le catamaran ne se heurte de nouveau dans trois jours à des vents très forts et mal orientés. »

Bruno Peyron :
« C’est un peu mieux depuis deux ou trois heures. Nous marchons cap est sud est à une quinzaine de nœuds, avec des pointes à 20 ! Pas mal sous trinquette et 3 ris ! Il nous faut descendre vers les cinquantièmes, et passer sous une dépression tropicale qui évolue devant nous par 43 degrés Sud. La mer est toujours désordonnée. C’est l’enfer pour le barreur qui se prend des paquets de mer glacée en permanence sur la tête… »

Grand Sud classique

31,2 nœuds de vitesse instantanée à midi, pour 429 milles au compteur ces dernières 24 heures : le maxi catamaran Orange engrange les milles en glissant plein est le long des 46 degrés de latitude Sud. Il navigue actuellement sous trinquette et grand voile à deux ris et pointe à 930 milles de la longitude du Cap Leeuwin (pointe sud-ouest de l’Australie). On sent un vrai soulagement dans les voix de Bruno Peyron et de Gilles Chiorri à la vacation radio du jour. En effet, le maxi catamaran Orange trouve – enfin ! – des conditions de navigation classiques dans ce Grand Sud si capricieux, soit un vent portant de 30 à 35 nœuds et une mer mieux ordonnée les poussant de l’arrière. « On a un flux régulier qui va nous permettre d’aller vite, déclare le skipper, mais surtout cela va continuer de mieux organiser la mer. Cela va faire du bien à tout le monde, aux hommes comme au bateau ! »