Loïck Peyron : « Le trimaran a été mené durement depuis 2 jours. On a de la mer un petit peu cassante, cela stresse un peu de voir sauter un gros bébé comme ça de vague en vague. On est en train de longer la bordure sud de l’anticyclone des Açores, en contournant les Canaries par le nord pour ne pas passer dans l’archipel et éviter ainsi le dévent. Le vent va mollir, on va perdre pas mal de terrain pendant les 4 heures qui viennent. On ne progresse pas du tout vers le but, on est à 90° du but. On fait de l’ouest au lieu de faire du sud. C’est un investissement, il faut perdre un peu de terrain pour gagner dans l’ouest pour retrouver une bonne force de vent à terme, mais surtout une direction plus intéressante. On ne vise pas le meilleur partiel à l’Équateur. »
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Albatros
Loïck Peyron : « Là ce n’est plus du tout la croisière. Depuis presque 24 heures on est dans les 40èmes rugissants, qui rugissent pas mal. Il y a 30-35nds de vent et on est à 30-35nds de vitesse, dans une eau à 8° et cela ne fait que chuter. On a été accueillis pas quelques albatros hier. C’est le grand sud. On est dans le grand bain et on a sorti toutes les polaires. C’est important d’avoir de l’avance sur le record de Franck, mais ce n’est pas suffisant encore pour être tranquille. Ce ne sera jamais suffisant jusqu’à la fin car il y a tous les aléas qui peuvent nous tomber dessus. Mais pour l’instant tout va bien. »
Piano piano
Loïck Peyron : » C’est impressionnant, cela fait près de quatre jours d’avance. Pour l’instant les conditions météo ne sont pas forcément aussi favorables, mais le potentiel de ce bateau est incroyable. C’est pour ça qu’on n’arrête pas d’insister en disant qu’il faut y aller mollo mollo, piano, parce que c’est quand même compliqué de gérer la mécanique de cette grosse machine. (…) Nous sommes dans une petite tempête assez sympathique, avec de la mer un peu formée et on y va tranquillement. Ça bouge pas mal. Cette mer est le début d’une petite tempête assez forte. On va empanner vers le sud dans la nuit et aller rejoindre son coeur. On est obligés, il faut bien faire la route, sinon on va enchaîner dans pas de vent du tout, dans l’anticyclone et sous Hobart. Donc on contourne la difficulté par le nord. La mer sera encore un peu plus formée, ce qui est la seule chose qui freine Banque Populaire. »
Joyeux Noël!
Ce dimanche 25 décembre, Loïck Peyron et les 13 hommes du bord du Maxi Banque Populaire V naviguent à 700 milles au nord de la Géorgie du Sud et à 950 milles au sud de l’Argentine. À l’heure de la vacation audio quotidienne, Le skipper Pouliguennais confiait : » On a eu une nuit de Noël un peu agitée, pas beaucoup de cadeaux mais des soucis de manœuvres mais on est là pour cela aussi et un vent pas comme il fallait. C’est comme si la cheminée était bouchée et qu’il fallait la ramoner ! Mais bon on avance dans la bonne direction. Le vent va de plus en plus mollir, on va rentrer dans un petit bout d’anticyclone, celui de Saint Hélène, divisé en deux parties et dans lesquelles il va falloir se faufiler. »
« TGV » pour Ouessant
Au portant dans des conditions de vent extrêmement fluctuantes, le Maxi Banque Populaire V poursuit sa remontée très « arrondie » vers Ouessant, totalisant toujours plus de 1 000 milles d’avance sur le record. Tirant parti de ce menu imposé, l’équipage profite de conditions relativement confortables pour récupérer un peu avant l’assaut final et pour s’assurer du bon état de forme de la monture. A bord, on sait que le retour de l’hiver et avec lui de la vitesse est pour bientôt : » D’ici une douzaine d’heures, on va ré-accélérer et prendre le train, le TGV même, qui va nous amener à la maison. Nous n’empannerons pas parce que le vent ne va faire qu’adonner. On est tribord amures depuis huit jours à peu près et on va rester comme ça en bordure d’anticyclone et de dépression. La trajectoire va être très arrondie et sur un même bord. C’est le plus long bord tribord de toute ma carrière de navigateur ».
Galoper au ralenti
Demain à la même heure, le Maxi Banque Populaire V aura Ouessant et l’arrivée en ligne de mire. C’est aux environs de minuit dans la nuit de vendredi à samedi que le trimaran géant devrait suspendre le chronomètre, avec une petite « contrainte » imposée par le World Sailing Speed Record Council et consistant à passer à moins de 4 milles du phare de Créac’h, érigé sur la pointe nord ouest de l’île finistérienne, afin que le viseur officiel puisse enregistrer ce passage. Mathématiquement, les quatorze marins du bord sont donc en train de vivre leurs ultimes moments en mer, les dernières heures de cette communauté de vie sur une machine taillée pour la performance mais pas nécessairement pour le confort.
Loïck Peyron : « S’il y avait une image pour illustrer ce qu’on ressent en ce moment, ce serait une envie de galoper au ralenti, de faire en sorte que ça aille vite mais avec une espèce d’envie cachée de faire traîner les choses. Ce genre d’aventure qu’on ne fait pas tous les jours, il faut en apprécier chaque minute. ».
Récidiviste
Lionel Lemonchois : « Nous sommes en bordure de la dépression madérienne et les températures sont nettement plus clémentes qu’hier… C’est plutôt gris, mais ça commence à être sympa. On a déjà repris notre rythme sans faire les fous avec le bateau : nous sommes là pour gérer un tour de la planète, sans effort et tranquillement… On est en train de dérouler le gennaker de brise, car on marchait à vingt huit-trente noeuds sous foc solent et un ris dans la grand voile jusqu’à maintenant. La mer n’est pas très ordonnée, mais dans les heures qui viennent, nous devrions avoir traversé le plus fort du vent. Il y a cinq ans, nous n’avions pas été très rapides sur Orange II : j’étais alors avec Ronan Le Goff et Jacques Caraës. Peut-être que dans cinq ans, je serais encore là ! »
Spirale
Thomas Coville : « Ça pédale pas mal depuis 48 heures, on a attrapé du vent et ça va très vite, ça glisse. On fait des moyennes de 32-33 nds parfois 40. Le bateau est en parfaite condition, nous aussi. Barrer la nuit demande une attention soutenue. Il faut avant tout sentir le bateau, que ce soit en termes de vitesse ou par rapport à l’état de la mer. Il faut placer le bateau parfaitement au bon endroit et surtout ne pas le faire cogner contre un mur d’eau ou le faire tomber dans un trou. Barrer, c’est subtil mais c’est avant tout un vrai plaisir. Plus on prend de plaisir plus on apprend et plus on apprend plus on prend de plaisir. La spirale est très vertueuse. La période qui est devant nous, Bonne Espérance – Leeuwin, est celle que je redoute le plus dans notre parcours. L’Indien est l’océan le plus dur en termes d’état de la mer. Ce sont des endroits où on est juste toléré par la nature, mais ils me font rêver, je ne peux m’en lasser. »
L’île du bout du monde
Franck Cammas : « On va vite et c’est bien pour s’approcher du cap Horn, de l’arrivée et pour la performance, même si le confort est moindre à bord dans les hautes vitesses en raison du choc avec les vagues. Mais pour l’instant on été bien servis avec un vent qui n’a jamais été très violent et une mer pas très haute non plus, même si par moments elle est un peu croisée comme la nuit dernière. On est passés à 3 milles d’une île. C’était sympa de revoir la terre qu’on n’avait pas vue depuis Ouessant. C’est une île inhabitée, extrêmement sauvage, avec des cascades d’eau qui tombent dans la mer. C’était joli à voir cette île du bout du monde perdue au milieu de l’océan Pacifique. On va vivre les quatre ou cinq prochains jours dans le froid et le passage du cap Horn sera une vraie délivrance pour nous. Mais c’est aussi ce qu’on est venus chercher, on aime ça et c’est une belle aventure humaine. »
Bien trempés
Loïc Le Mignon : « La matinée a été assez houleuse avec une mer très hachée et puis ça s’est calmé au fur et à mesure donc on a renvoyé tout doucement. Le vent à tourné, on a empanné et on refait route sud pour se positionner. On devrait retoucher un vent vers le 310 demain midi et pouvoir repartir avec l’avant du front en direction du Horn. Les routeurs ont choisi une route nord dans des mers assez calmes, pour exploiter la pleine puissance du bateau. Cela permet d’aller très vite même si on ne coupe pas le fromage en passant par le sud. Le vent est trop fort en bas. Il fait froid, on a tous sorti les doubles polaires et les gants. Le taux d’humidité est à 120% dans le bateau et rien ne sèche. On commence un peu à avoir hâte de passer le cap Horn et de refaire un peu route nord car on est bien trempés. Le bateau est en bon état. On n’a pas de soucis majeurs sur la structure ou l’accastillage. »