Carnet de bord de Francis Joyon

Courses 2016-2017
IDEC
Joyon


Créé le:
19 December 2016 / 9:44
Modifié le:
29 January 2017 / 11:07

Francis Joyon revient sur les incertitudes du départ à Brest vendredi dernier.

Photo : Jean-Marie Liot / DPPI / IDEC Sport
Photo : Jean-Marie Liot / DPPI / IDEC Sport

 

Ne pas réussir dans une tentative de record, ça arrive, mais ne pas pouvoir partir après avoir annoncé à nos familles, nos amis et à tout Brest que nous partons, c’est encore plus compliqué… Et pourtant, c’est ce qui a failli nous arriver vendredi matin.

En effet, les prévisions météo sont bonnes et un bon vent portant pourrait porter sur ses ailes le trimaran idec en quelques jours jusqu’à l’Equateur et cela sans un instant de calme, mais la pétole est là, peu après la ligne de départ. Il y a selon les différents fichiers prévisionnels Arome, CEP, GFS et j’en passe, une bande de calme plat large de 30 miles à traverser pour rejoindre le bon vent de nord tentateur et avec les 6 mètres de houle et une mer cumulée, il serait peut être impossible de franchir cette muraille de calme, les voiles battant à tout rompre. Aussi, l’indice de confiance n’est pas au plus haut, les photos satellites laissant penser qu’elle pourrait repartir vers le large et nous laisser en plan, malgré toutes nos belles affirmations positives.

Le départ se fait de nuit du quai Malbert, sous les projecteurs de l’Abeille Bourbon, qui nous a aidé à y voir clair cette nuit pour préparer nos voiles et c’est au lever du jour que nous franchissons la ligne de départ au nord d’Ouessant … grosse houle de face, à la limite du déferlement sur la chaussée de Keller, baratée par le fort courant de jusant. Bernard à la barre, ondule au rythme des déferlantes pour y frayer son chemin en essayant de limiter les violents impacts sur la carène. Lumière magique sur Ouessant. Ambiance casques lourds et champs de mines. Le bateau progresse bien malgré tout, vaillant bateau et quelques heures après, malgré le fait d’être pris dans un shaker, nous nous sentons pousser des ailes, car le thalweg, vallée sans vent, est quasiment franchi. Nous attrapons les prémices de ce bon vent de nord tant espéré.
OUF, le large est devant nous !

Francis

 

Source : www.idecsport-sailing.com



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