Brutal. Violent. Puissant. Démesuré ! ! Il n’y a pas de qualificatif précis pour exprimer ce qui se passe ici en ce moment. Le vent est monté à plus de 60 nœuds avec grains à beaucoup plus. La puissance des vagues est impossible à décrire.
(…) Nous venons d’affaler la trinquette pour n’avoir que la grand voile à trois ris et rien devant, après avoir planté les étraves quatre ou cinq fois.
Comme dans un cauchemar, la vague à une face arrive. Une fois arrivé tout en haut, je vois avec effroi que cette montagne n’est en fait qu’un gigantesque tremplin et qu’il n’y a aucune espèce de pente à redescendre, mais bien 10 ou 12 mètres de vide.
Le bateau bondit dans ce vide à près de 30 nœuds et la sentence est brutale. Arrivée en bas avec les coques proches de la verticale.
La moitié avant, soit près de 13 mètres, plonge avec violence. La moitié arrière s’envole et commence à monter, emportée par l’inertie et la mousse de la déferlante.
Dans un dernier sursaut, avant le crash, j’ai le temps de basculer à gauche avant que les safrans ne s’envolent définitivement, dans l’espoir qu’au moins une des deux coques puisse ressortir et faire basculer le tout.
C’est ce qui se passe !
La cata géant pivote sur 40 mètres autour de l’axe immergé à deux mètres sous l’eau qu’est de venue sa deuxième coque.
La scène dure à peine 20 secondes mais restera à jamais gravée dans ma mémoire comme un cauchemar. Pas de blessé. On affale tout ce qui reste – objectif survie.
Ça va durer 40 heures.

Bruno Peyron à bord de Commodore Explorer.

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