Francis Joyon / Idec-Sport

Courses Logs

 

Moins d’un mois après une tentative avortée au bout d’une semaine de navigation en raison d’un Pot au Noir coriace, Francis Joyon, Bernard Stamm, Alex Pella, Gwénolé Gahinet, Clément Surtel et Sébastien Audigane ont franchi la ligne de départ, à Ouessant, le 16 décembre à 9h19. Et la motivation était totale. « On est têtu, l’objectif reste le même : être de retour en moins de 45 jours, a confié Francis Joyon avant d’embarquer. On n’est pas des mathématiciens, il est toujours difficile de parler en pourcentages pour ce genre d’aventure. Mais on a une chance, c’est déjà beaucoup, et on est là pour la saisir ! »

©Jean-Marie Liot / DPPI / IDEC Sport
©Jean-Marie Liot / DPPI / IDEC Sport

 

Bon tempo dans l’Atlantique

Les six marins ont rapidement pris leurs marques à bord du maxi-trimaran Idec Sport tandis que les conditions météorologiques leur ont permis d’avancer bon train. Résultat : les Canaries ont été en vue après 48 heures de mer. Si, par la suite, le Pot au Noir a forcé la Team Joyon à ralentir un peu la cadence, l’Equateur a été atteint au bout de 5 jours, 18 heures et 59 minutes. Un temps qualifié de « correct » par Joyon qui reste ainsi « dans les roues » du détenteur du Trophée, à savoir Loïck Peyron. Avec la bascule dans l’hémisphère sud, les cirés ont été temporairement remisés dans les sacs. Les alizés et le soleil ont fait leur apparition pour le plus grand plaisir des six hommes.

A l’aube du 11ème jour, l’équipage d’Idec Sport a rejoint les Quarantièmes et c’est à une moyenne de plus de 30 nœuds que s’est effectuée la descente vers le Cap de Bonne Espérance. La chasse aux milles s’est donc intensifiée et, le 29 décembre, au cœur de la nuit, le maxi-trimaran rouge et gris a doublé la première des trois grandes marques géographiques jalonnant sa chasse au Trophée Jules Verne. Au cours des 24 heures suivant le passage du Cap de Bonne Espérance, Francis Joyon et ses cinq acolytes ont avalé pas moins de 872 milles, signant sans le savoir à ce moment là la meilleure journée de leur périple autour du monde.

©Mer et Média / Idec Sport
©Mer et Média / Idec Sport

C’est donc pied au plancher qu’Idec Sport a fait son entrée dans l’Océan Indien. Et les six marins n’ont alors pas eu de cesse de revenir sur le record détenu depuis 2012 par Loïck Peyron. Poussés par des vents portants, l’équipage a joué la carte de l’efficacité. En guise de cadeau pour la nouvelle année, la team Joyon a vu ses efforts récompensés : dans la nuit du réveillon, elle a virtuellement dépassé Loïck Peyron et ses 13 hommes du maxi-trimaran Banque Populaire V.

Sprint austral

Le froid du Grand Sud a obligé les hommes à sortir les cagoules en néoprène et les fêtes de fin d’année se sont déroulées sous le signe du labeur. Mais le moral est resté bon. « Dehors, tout est uniformément gris et monotone depuis près d’une semaine, a raconté Clément Surtel. Mais tenir de telles vitesses jour après jour provoque une incroyable stimulation ». Et Francis Joyon d’ajouter : « Le choix du petit mât, et de la légèreté induise par notre équipage réduit, font des merveilles dans le sud, dans du vent fort bien orienté sur l’arrière du bateau ».

Le 2 janvier, Idec Sport a rallié le Cap Leeuwin, au sud-ouest de l’Australie, débutant ainsi une jolie série de records. Avec un passage à Leeuwin en 17 jours, 06 heures et 59 minutes, Joyon et sa bande ont en effet effacé de plus de 16 heures la performance de Peyron. Galvanisés par cette belle performance, les six hommes ont enchaîné à peine deux jours plus tard avec un nouveau record intermédiaire entre Leeuwin et la Tasmanie : 18 jours, 18 heures et 31 minutes, balayant ainsi le record établi l’année précédente par le maxi-trimaran Spindrift 2 de Yann Guichard et Dona Bertarelli.

A l’assaut du Cap Horn

Après l’Océan Indien, place au Pacifique. « Le casque ou la cagoule en néoprène ont été remplacés par les lunettes de soleil et le simple bonnet, a alors confié Sébastien Audigane dans son carnet de bord. Ça fait du bien de souffler un peu, la route est encore longue pour le Horn ». Le Horn, comme l’appelle presque intimement ceux qui l’ont déjà cotoyé, ce rocher noir marquant la fin du Pacifique, est toujours un moment crucial d’une circumnavigation. Ce monument du monde de la navigation fascine et à la fois effraie. Mais son passage est le synonyme du retour tant attendu dans l’Atlantique.

©Jean-Marie Liot / DPPI / IDEC Sport
©Jean-Marie Liot / DPPI / IDEC Sport

Le 12 janvier, après 26 jours, 15 heures, 45 minutes de mer et avec 4 jours 06 heures et 35 minutes d’avance sur le temps de référence de Banque Populaire V, le Horn est franchi par l’équipage d’Idec Sport. Ce dernier a alors signé son quatrième record intermédiaire avec celui de l’océan Pacifique entre la pointe sud-est de la Tasmanie et le Cap Horn (07 jours 21 heures et 14 minutes). La joie est grande à bord du bolide des mers.

Cap au nord

La remontée le long des côtes brésiliennes s’est déroulé sans trop d’encombres. Dans la foulée, le Pot au Noir a été bien négocié par les six marins qui ont choisi d’effectuer une vaste manœuvre de contournement pour ne pas se retrouver englués. Si le trajet s’est logiquement un peu allongé à la faveur de cette stratégie mise en place par le routeur de génie Marcel van Triest, cette dernière s’est révélée payante. Le 20 janvier, Joyon, Audigane, Surtel, Gahinet, Pella et Stamm ont de nouveau dépassé l’Equateur. 35 jours, 04 heures et 09 minutes, le chrono est ahurissant ! Les six marins ont amélioré de 2 jours, 22 heures et 36 minutes le précédent record détenu depuis 2012 par Loïck Peyron.

©Mer et Média / Idec Sport
©Mer et Média / Idec Sport

Mais pas le temps de se congratuler ! Le regard est désormais tourné vers les côtes bretonnes où la perspective d’un record est de plus en plus grande. « On commence à parler un peu de l’arrivée », a confié Gwénolé Gahinet le 23 janvier. « Sous un ciel mi étoilé et poussé par des vents de sud nerveux Idec Sport dévale les pentes au large de Lisbonne, raconte pour sa part Sébastien Audigane deux jours plus tard. Une dernière ligne droite en direction des côtes finistériennes, le vent devrait refuser dans le golfe de Gascogne. La dernière nuit risque d’être sportive et humide au reaching ».

Et à l’arrivée, le Trophée

Sébastien Audigane ne s’est pas trompé. La dernière nuit a été sportive pour l’équipage qui a tout donné pour boucler son tour du monde en … moins de 41 jours. Le 26 janvier à 8h49, le maxi-trimaran rouge et gris s’est adjugé le Trophée Jules Verne après 40 jours, 23 heures, 30 minutes et 30 secondes passés en mer. Le tout à une moyenne de 22,84 nœuds et avec – en bonus – 6 record intermédiaires.

©Jean-Marie Liot / DPPI / IDEC Sport
©Jean-Marie Liot / DPPI / IDEC Sport

La performance est incroyable et la joie se lit sur les traits fatigués des six marins accueillis en véritable héros à Brest par leurs amis, leurs familles et les nombreux badauds ayant bravé le froid breton de ce petit matin de janvier.

 

Isabelle Trancoen 

INFOS
Trophée
40
Jours
23h | 30min | 30s
2017
Départ
2016-12-16 08:19 GMT
Arrivée
2017-01-26 07:49 GMT
Distance
26412 NM
Vitesse moyenne
26.9 Kn
Skipper
Bateau
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